jeudi 18 septembre 2008

Laurent Pokou & Joelle M à Daoukro

Leia Mais

mercredi 17 septembre 2008

Entretien avec Laurent Pokou



Le sport en Côte d`Ivoire présente à tout observateur un visage peu reluisant. Dans toutes les compétitions tant nationales qu`internationales, où ils sont présents, les sportifs ivoiriens produisent des résultats pas très satisfaisants. Laurent Pokou, figure emblématique du football ivoirien et africain, depuis Daoukro fait une analyse de la situation et interpelle tous les acteurs du sport à se mettre au travail.

Joelle M : La population de Daoukro vient de vous honorer, quels sentiments vous animent ?

Laurent Pokou : C'est un sentiment de fierté, de joie que de savoir qu`après avoir quitté le stade, j`ai encore une place dans le cœur des Ivoiriens. Je suis à Daoukro sur invitation du conseil général avec à sa tête M. Yao Kouassi Martin, afin de participer à la 5ème édition du tournoi de la fraternité.

Joelle M : Comment jugez-vous cette compétition?

Laurent Pokou : C`est une bonne initiative du conseil général. Il faut ces genres de manifestation pour permettre à la jeunesse de s`épanouir et ne pas s`adonner à des actes répréhensibles. C`est une manière d`occuper sainement la jeunesse de Daoukro mais il faut que le football à Daoukro revienne en bonne position sur le plan national.

Joelle M : Concernant la Ligue des champions d`Afrique, l`ASEC vient de se faire battre par le Dynamos FC de Zimbabwe. Quels commentaires?

Laurent Pokou : C`est une grande déception lorsque j`ai appris la défaite de l`ASEC face au Dynamos. Quand on arrive à ce stade de la compétition, on ne doit rien négliger. Mais que voulez-vous, ils ont perdu et on ne peut rien y faire. Dire que les Actionnaires commençaient à reprendre confiance en leur équipe, ce sera difficile de les ramener en grand nombre au stade. Il y a beaucoup à faire, mais ça c`est le rôle du président du conseil d`administration.

Joelle M : Quels regards jetez-vous sur les compétitions de la MTN Ligue 1?

Laurent Pokou : A l`instar de l`ASEC et de l`Africa qui sont la locomotive de notre football, le niveau de notre championnat est mi-figue, mi-raisin. Je ne sais pas quel genre de politique faut-il que nous fassions pour relever le niveau de nos équipes. Il nous faut des équipes fortes pour nous représenter au plan international. La fédération fait ce qu`elle peut en donnant les moyens aux clubs. Il faut donc une prise de conscience de la part des joueurs qui ne doivent pas penser qu`à l`argent. Ils doivent se donner et faire ce qu`ils ont choisi avec amour.

Joelle M : Les Ivoiriens sont rentrés bredouille des Jeux olympiques de Pékin. Pareil pour les paralympiques. Qu`est-ce qui n`a pas marché selon vous?

Laurent Pokou : C`est vraiment dommage. Mais on ne fabrique pas des champions en deux ou six mois. Je pense que si on veut avoir des champions olympiques, il va falloir une réelle volonté politique du sport. C`est vrai qu`il y a eu des Etats généraux, mais tout cela ne suffit pas. Il faut mettre en place une véritable politique, avoir les infrastructures. Sinon dans quelles conditions voulez-vous que les athlètes s`entraînent? Regardez, le handball et le basket se jouent en plein air. Et vous voulez qu`ils gagnent en allant représenter le pays à l`extérieur? On dégage beaucoup de moyens pour d`autres choses, pourquoi pas pour le sport ? Le sport rapproche les peuples, il permet à un pays de se valoriser. Et tant qu`on tâtonnera, on n`aura pas de bons résultats.

Joelle M : Aujourd`hui avec le recul, quelles sont les leçons que Laurent Pokou tire de sa bastonnade?

Laurent Pokou : Je profite de l`occasion pour saluer le président Bédié et le PDCI qui sont venus m`apporter leur réconfort. Je remercie Dieu que cela n`ait pas tourné au drame mais aujourd`hui, il faut comprendre que lorsqu`on a choisi un métier, il faut en respecter la déontologie. Des policiers qui bastonnent des citoyens, ça ne se voit nulle part ailleurs. Donc moi je voudrais oublier cette triste situation. Mais quelque part, je crois que le destin a voulu que ce soit moi pour interpeller les consciences afin que ces genres de choses ne se reproduisent plus.

Joelle M : On entend dire partout que Laurent Pokou est devenu riche après sa bastonnade. Est-ce vrai?

Laurent Pokou : Les gens peuvent dire beaucoup de choses. Est-ce parce que le Président m`a fait l`honneur de venir me voir que je suis riche? Comme si c`était la première fois que le Président Gbagbo assistait quelqu`un en de pareilles circonstances. En ce qui me concerne, je laisse parler ceux qui le veulent et je reste comme je suis. Je vis modestement et si je suis riche, tant mieux car il vaut mieux faire envie que pitié.

Joelle M : Alors, quels conseils Laurent Pokou peut donner à tous ces jeunes qui veulent lui emboîter le pas?

Laurent Pokou : Je leur dirai que ce n`est pas aussi facile qu`on le pense. Car aujourd`hui, jouer au football est devenu un métier. Tous les enfants aujourd`hui veulent jouer au football à l`instar des jeunes de la Côte d`Ivoire. Il faut d`abord assurer les arrières c`est-à-dire, il leur faut avoir un métier. Je suis contre ces jeunes qui délaissent l`école pour jouer au football. Qu`ils cherchent d`abord à faire quelque chose et si le football peut les propulser, tant mieux.

Joëlle M
Envoyée spéciale à Daoukro

Leia Mais